Tableaux 2018

« Rivière d’images », acrylique sur carton, 12×40 cm, février – juillet 2018
« L’orée d’un silence », dessin, acrylique sur toile, 21 exemplaires, 24×18 cm, juin2018
« Parfum ensoleillé », 14 exemplaires, acrylique, kraft collé sur toile tendue, 40×20 cm, août 2018

 »Le vent se lève », 61 x 61 cm, juillet – août 2018, acrylique sur toile tendue
« Le vent se lève », 70 x 50 cm, juin – août 2018, acrylique sur toile tendue
« Le temps des cerises », 60 x 50 cm, juin 2018, acrylique sur toile tendue, cadre
« Avec le brouillard givrant », 27 x 22 cm, juillet – août 2018, acrylique et encre de chine

« En dehors du fourré », août – septembre 2018, 75×60 cm, acrylique sur toile tendue

« La sagesse des collines », 25x35cm, 2018

Une géographie de la peinture

Sylvie Chambon

Le retour du paysage.
« Actuellement la question de toutes mes expositions est : qu’est-ce que l’image ? Abstraite, figurative, expressionniste…? C’est leur géographie qui m’importe« . Et dans cette géographie, Desbouiges relie les courants picturaux, en abolit les frontières, redessine un art vivant, par définition en perpétuel mouvement. L’artiste propose un retour au paysage (chromos), à sa puissance évocatrice qui engage un dialogue sensoriel avec les lignes et les couleurs, terres de l’abstraction. Quelques zones unies, vierges, comme en attente d’être peuplées de nouveaux langages. « Je suis très admiratif de Supports Surfaces, mais j’ai toujours tenu au fil de la figuration, de la représentation. C’était ce fil qui quelquefois permettait de quitter le monde des initiés et d’aller vers ceux qui avaient envie de découvrir ». On songe à ces murs sur lesquels, avec le temps, se sont accumulés, stratifiés, affiches, papiers, tapisseries…, comme autant d’acquis, de savoirs. Et soudain, une déchirure, une trouée : le paysage apparaît. Image antérieure dont la fraîcheur étonne et capte le regard. L’imaginaire regagne du terrain. D’ailleurs à l’endroit du paysage, le cadre a sauté. Plus de baguette d’encadrement, plus de barrière. Mais le passage. Un nouveau territoire s’invente déjà.

Redonner au tableau son mystère.
« Durant ces dernières décennies, on a disséqué la peinture, on l’a analysée, intellectualisée… Et plus que la peinture, le travail du peintre, sa manière de peindre, ses outils ». Jusqu’à vider l’oeuvre de sa chair, jusqu’à tarir la curiosité. « Je veux que l’on parle du résultat, redonner au tableau son mystère ». Depuis 1996, sur chaque toile un oiseau se pose où bon lui semble. Une récurrence dans le travail, une signature. « Cet image d’oiseau et le titre de cette exposition « mes petits chemins » c’est la liberté que je revendique ».

4 octobre 2018

Joël Desbouiges est l’artiste de deux univers qui nourrissent toute son oeuvre. Enfant de la campagne, des sous-bois et des brumes matinales, des chasses au gibier à plumes, il cultive une certaine nostalgie pour une ruralité généreuse et fondatrice.

Mais il est aussi un artiste conceptuel, trouvant des références dans l’abstraction. Tout comme l’homme qui évolue entre cueillette de champignons, pêche à la mouche et travail à l’atelier, l’artiste concentre dans chacune de ses pièces la matérialité brute de la nature et la sophistication de sa pensée. Desbouiges a construit sa grammaire personnelle grâce à plusieurs langages : la peinture, la photographie, le dessin, la collecte d’objets. Les compositions sont issues d’un jeu entre ces différentes expressions. Sorte de rébus dont le sens caché excite le regard et l’imaginaire. Contrairement à l’impression première, l’animal omniprésent n’est pas le sujet de chacune de ces histoires. Desbouiges aime le mot d’esprit, l’association d’idées, la métaphore. Un petit fagot de bois de chevreuil devient une poignée de bois mort, des flèches plantées sur un dessin d’oiseau symbolisent la mort de la peinture.

Tout ce gibier, n’est-il pas nous-mêmes, perdus dans une nature de plus en plus dénaturée, mangeant une viande désincarnée, respirant des parfums artificiels, oubliant les forces et les humeurs qui nous constituent. Joël Desbouiges est un artiste foncièrement tellurique qui trouve dans le monde du vivant les réponses à ses questions philosophiques et esthétiques.

Jean Michel Collet, 2016