Photos avant 2005
Après Rembrandt, 20x30cm, 2007 , 14 photographies argentiques + gravure ( ‘’Les trois arbres ‘’, 1643)
La plume du peintre, (35), 60x50cm, 2004
La PLUME DU PEINTRE
Accents vifs-couleurs débordant les lignes des Personnages violence – Suintements de la couleur dans les interstices de la surface des Anacoluthes – Plumes posées sur les photos de La plume du Peintre – Voiles peintes enroulées des Losanges dévoilant dans leur retrait même un « paysage/motif » – Oiseaux se posant sur les bosquets de la couleur ou virevoltant dans les figures de la
peinture des Anacoluthes – Papillons des Métaboles et Divergences – Oisillons des Salve, Xeusis et autres Incognito – Motifs vases/corps des Albarello – Fruits et fleurs des Vie Coye.
En quelques titres et jusque dans ses photographies récentes se décline une vie de peintre qui sait que la vérité en peinture a la fugacité des moments d’extase et d’euphorie ; et que le chemin doit être pris avec humilité mais aussi avec détermination. Cette route, Joël Desbouiges l’a prise depuis 1972.
Des toiles- Cris des années de véhémence à la sereine lucidité des photos d’aujourd’hui retravaillées et accueillies dans le cadre de la peinture, on croise les figures qui déclinent les motifs et les artifices de la peinture : entre l’écho du monde et le monde des formes et des couleurs.
Toute son oeuvre est portée par ce va et vient entre le champ coloré, où figure, forme et couleur s’entrecroisent, se marient et se combattent au gré des inflexions du peintre, et le réel de la peinture qui est d’être à la fois surface d’inscription et lieu de la représentation. Il est cet espace où le monde se réfracte mais aussi ce territoire où se constitue un univers. Il est le Territoire du geste, du signe, et de l’image.
Dans ce parcours de trente ans c’est à la fois l’expressivité et la réflexivité de la peinture que son oeuvre revendique. Si elle est portée par une expérience du sensible, elle revendique l’intelligence de son langage. Un langage dont il mobilise les procédés, les outils, le vocabulaire, les contrastes harmoniques et signifiants pour en percer et creuser les énigmes.
Jouant la métonymie et l’allitération, Il sait travailler la peinture à rebours, parfois même à contre emploi. La couleur devient parfois le fantôme de la forme, l’esquisse d’une apparition, ou son crépuscule. Il y a dans cette oeuvre un double mouvement qui déporte la passion vers la lucidité et réciproquement.
Ainsi dans ses toutes récentes photos de la série La plume du peintre, la plume caresse et dénonce l’image comme une fiction ; cette plume qui « »figure » aussi la dépose du papier sensible dans le bain du révélateur, le cadrage configure l’arbitraire d’une attention et d’une découpe dans le champ continue du réel. Il devient paysage et plus encore, structure, motif et figure, contraste lumineux et sujet… à peindre. Cette translation vers le pictural, ce sont ces Maries-Louise ornées aux griffes de la couleur qui nous le suggèrent. Et tout d’un coup, dans le défilement de ces « paysages » recadrés au regard du peintre, surgit à la lumière blafarde d’un jour, l’impensé du monde : KZ – Anus Mundi
Des éclats dévoilés des losanges à la lumière toscane des Anacoluthes aux vases esquissant l’écho d’un corps des Albarellos, aux figures hybrides des Resserres, Joël Desbouiges entremêle dans son oeuvre hédonisme et savoir, sensible et intelligible. Le visible ici se lit comme une énigme dont les figures et autres protagonistes viennent affleurer notre regard sans se soumettre à notre vain désir de lisibilité.
Philippe Cyroulnik 2004