Losanges / Peinture
1983-1988
186 cm de pointe à pointe
1982-84 : triangle supérieur monochrome
1985-87 : triangle supérieur polychrome
Collage et acrylique sur toile non tendue et tendue
1987-88 : Maldonne, 170 cm de pointe à pointe
Collage et acrylique sur bois
Pour ses “Hybrides” du début des années 80, Joël Desbouiges utilisait des losanges de toile libre dont la moitié supérieure était masquée par une sorte de volet de tente. Le triangle inférieur, dévoilé, montrait des motifs floraux violemment bariolés, dans une matière grasse et luxueuse …………………………………………… Voilée, la peinture suggérait que quelque chose en elle se dissimulait. Mais c’était pour montrer aussitôt le néant de cette chose. Cette palinodie très conforme aux interrogations alors en vogue identifiait le pictural à sa littéralité immédiate, épanouie en surface.
Des dessins développaient un propos voisin. A l’aide d’instruments de sa fabrication, Desbouiges dessinait sur un triangle de papier carbone posé sur une feuille blanche. Puis il exposait les deux triangles (carbone et papier) accouplés en losange …………… Le carbone soulevé révélait des tracés. On semblait invité à voir ce qu’on n’avait pas vu ou n’aurait pas dû voir. Mais sous le voile il n’y avait que ce qui s’était dessiné sur le voile. Le voile levé n’avouait qu’un rien d’autre-à-voir. C’était dire à nouveau que le dessous de la peinture est son dessus, que le fond de la peinture est sa surface, que la peinture ne peint que la peinture et qu’elle le fait en piégeant le regard : en attisant notre désir de dévoilement mais en offrant rien à ce désir que de l’exposé de sa propre vanité ; en suggérant qu’il y aurait quelque chose à voir (quelque chose qui comblerait la vue, assumerait la stabilité du monde et soutiendrait notre assentiment à l’ordre nommé des choses) et en nous retirant ce quelque chose ; en se donnant comme imminence (toujours différée) de l’apparaître et non mimésis d’un déja-paru. ../..
Christian Prigent 1985, extraits de “Dites-le avec des fleurs” Editions Cadex1996
Résonances
Jean-Noël VUARNET
Tu sais comme j’ai aimé ta peinture tout de suite du premier coup, dès Clermont-Ferrand, avec une sorte d’éblouissement pour ce qu’elle offre de simultanément tragique et de gai et pour l’invention formelle qui l’exprime à chaque instant… Cette petite liste alphabétique pour tenter de qualifier tes peintures qui échappent à tous les adjectifs et pour te rappeler que si tu désires un jour que je fasse un texte sur toi, je le ferai avec joie.
Amies
Bâchées comme l’angle d’une serre, belladone de la maldonne
Carcérales mais endémiques, carbonifères, cendrées
Dominée dominante, drapées sans emphase, dentelées sans doute, drap
du rêve en couleur, détendues, distendues
Entre-solaires, entremêlées
Florales et losangés, fleuries comme un tissu jardinier, fenêtrées
Gazées, gueules d’amour, gueules de loup
Hybrides, hybridées, grandes hybrides
Ivres d’elles-mêmes et pour nous
Joyeuses, joueuses jetées
Kaleïdoscopiques
Losangées florales
Minérales et végétales, morcelées
Nudités frisonnantes
Ouvertes sur la dentelle et le pistil, orchidées acryliques
Personnages facultatifs pointés, pointus, à pression, sous pression, perce neige
Questions posées à la nature
Retroussées comme jupe à fleurs, roulées dans la couleur de l’air
Soulevées, similaires et toujours différentes, signées de signatures internes, solaires, suspendues
Toilées de tissus triangules, tragiques et gaies
Unique au monde
Violence du calme, violence-personnage, violence-couleur, vivacités
Wasps (guêpes – guêpières ?)
X : les belles inconnues, X, xeranthèmes xylophéniques
Yeux multicolores, yoyos du regard
Zoé, la vie de ces vivantes zoogamètes
Pour te dire comme j’ai aimé, et toutes les résonances que tu éveilles en moi, Amitiés.
Jean-Noël Vuarnet 3-11-1994